Les "Lettres"
"L'on me signifie assez bien, en tout lieu, que le national-socialisme n'est pas d' "exportation", que les lois de Nuremberg pour races nordiques n'ont aucune raison d'�tre en France. La France demeure donc juive." C�line, L'Appel, 9 avril 1942
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Parall�lement � la parution des Beaux draps, ainsi qu'� la r��dition de ses pamphlets d'avant-guerre, C�line accorde des interviews � diff�rents journaux collaborationnistes et leur envoie r�guli�rement des lettres - lui-m�me parle de "textes" - dont on sait, documents et t�moignages � l�appui, que dans leur grande majorit� elles �taient destin�es � la publication (C�line �crit par exemple � Lucien Combelle : "...publiez-moi de gr�ce, si possible, int�gralement", � propos d'une lettre qui para�t effectivement dans le journal R�volution nationale le 5 ao�t 1942). Certes, C�line n'a jamais appartenu � la r�daction d'un journal sous l'Occupation, et il n'a, selon toute vraisemblance, � aucun moment �t� r�mun�r� pour ses interventions, ce qui est tout � son honneur. Mais il faut malgr� tout noter qu'il exprime, par la fr�quence des lettres qu'il envoie, des pr�dilections qui ne vont pas forc�ment aux publications les plus timor�es du moment : dans un premier temps, C�line semble privil�gier les torchons violemment antis�mites Au Pilori (qui est subventionn� par la Propaganda Staffel ) et l'Appel, auxquels il envoie respectivement cinq et quatre lettres ; puis, vers la fin de l'Occupation, l'hebdomadaire pro-nazi Je suis partout, auquel il a envoy� six lettres (sans compter deux autres dont la publication aurait �t� refus�e). Au total, ce sont vingt-neuf lettres de C�line qui sont publi�es par la presse collaborationniste de f�vrier 1941 � juin 1944, auxquelles il faut ajouter douze interviews.
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Le discours c�linien n'est du reste en rien devenu plus timor� avec l'Occupation. Il rappelle toujours et encore son antis�mitisme, et ce, dans une France qui n'en a moins que jamais besoin :
" Au fond, il n�y a que le chancelier Hitler pour parler des Juifs. D�ailleurs, ses propos, de plus en plus fermes, je le note, sur ce chapitre, ne sont rapport�s qu�avec g�ne par notre grande presse (la plus rapprochiste) minimis�s au possible, alambiqu�s, � contrecoeur... L'embarras est grand. C'est le c�t� que l'on aime le moins, le seul au fond que l'on redoute, chez le chancelier Hitler, de toute �vidence. C'est celui que j'aime le plus. Je l'�crivais d�j� en 1937 sous Blum." ( "L.F. C�line nous �crit", dans le journal L'Appel du 4 d�cembre 1941 ; p.140 des Cahiers C�line, n�8)
Racisme, toujours et encore donc, la condition sine qua non du redressement national, comme il l'�crit au Pilori (num�ro du 2 octobre 1941) :
"Pour recr�er la France, il aurait fallu la reconstruire enti�rement sur des bases racistes-communautaires. Nous nous �loignons tous les jours de cet id�al, de ce fantastique dessein." ( Cahiers C�line, n�8, p.123)
Les cibles de C�line restent les m�mes qu'avant la guerre : toujours les Juifs, les Franc-ma�ons, les communistes et l'Union sovi�tique, l'Angleterre, la d�mocratie,... auxquels il faut d�sormais ajouter les �tats-Unis, la R�sistance et la France Libre. Sous l'Occupation, C�line sait parfaitement ce qu'il pense et � quel camp il appartient : voil� comment il se d�finit dans une lettre publi�e dans le journal au Pilori le 10 septembre 1942 : " collaborateur ardent��, certes, mais libre, absolument LIBRE, et non salari� de la chose, je suis chatouilleux sur ce point. " ( Cahiers C�line, n�8, p.171)
Ces interventions sont aussi l'occasion pour C�line d'exprimer pour la premi�re fois sa sympathie � l'�gard d'un personnage politique fran�ais : Jacques Doriot. Ainsi d�clare-t-il � un journaliste de L'�mancipation nationale (organe du Parti Populaire Fran�ais), venu l'interviewer en novembre 1941 :
" pour devenir collaborationniste, j�ai pas attendu que la Commandantur pavoise au Crillon... On n�y pense pas assez � cette protection de la race blanche. C�est maintenant qu�il faut agir, parce que demain il sera trop tard. (...) Doriot s�est comport� comme il l�a toujours fait. C�est un homme... il faut travailler, militer avec Doriot. (...) Cette l�gion (NDLA : la L.V.F., L�gion des Volontaires Fran�ais contre le bolchevisme, cr��e par Jacques Doriot) si calomni�e, si critiqu�e, c'est la preuve de la vie. J'aurais aim� partir avec Doriot l�-bas, mais je suis plut�t un homme de mer, un Breton. Ca m'aurait plu d'aller sur un bateau m'expliquer avec les Russes. (...) Moi, je vous le dis, la L�gion, c'est tr�s bien, c'est tout ce qu'il y a de bien." ("Entretien avec C�line. Ce que l'auteur du Voyage au bout de la nuit "pense de tout �a...", L'�mancipation nationale, 21 novembre 1941, in Cahiers C�line, n�8, p.134-135)
Voil� des propos qui ne font pas vraiment honneur au "pacifisme" de C�line.
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Une lettre de C�line publi�e dans les colonnes de Je suis partout le 3 mars 1944 qui se passe de commentaire... |